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Avant de vous lancer aux États-Unis, il vaut mieux démystifier quelques idées reçues. Non, les Américains ne travaillent pas 60 heures par semaine par plaisir et ne prennent pas tous de longues pauses-café. Le temps de travail aux États-Unis obéit à sa propre logique, très différente du droit social européen. On trouve certes une grande flexibilité, mais pas de garde-fou européen sur la durée de la semaine ou de l’année. 

Pourquoi s’intéresser au temps de travail américain est important pour votre entreprise ? Parce que si vous voulez réussir votre implantation aux États-Unis, il ne suffit pas de bien choisir votre État d’accueil ou de maîtriser le marketing local. Vous devez comprendre comment vos futurs collaborateurs vivent leur travail au quotidien. Or, sur ce point, l’Amérique a ses propres codes – parfois séduisants, souvent déroutants, et toujours à connaître avant de se lancer.

L’objectif de cet article est de vous expliquer tout ce que vous devez savoir pour poser les bases solides de votre organisation RH aux USA.

Comprendre la durée du travail aux États-Unis

Pour bien appréhender les pratiques américaines, il faut commencer par comprendre leur cadre légal et les usages en matière d’heures travaillées.

Une flexibilité encadrée, sans carcan légal uniforme

Première surprise pour un patron français : il n’existe pas de durée légale hebdomadaire unique aux États-Unis. Le chiffre de référence, c’est 40 heures par semaine. C’est la norme implicite. Au-delà, la loi fédérale Fair Labor Standards Act (FLSA) requiert une majoration de 150 % ("time and a half") pour chaque heure supplémentaire, sauf pour certains postes "exempt" (cadres, commerciaux, professions libérales).

Chaque entreprise détermine les horaires de ses salariés, tant que les règles minimales fédérales (et celles de l’État concerné) sont respectées. Certaines industries – comme la finance ou la tech – ont une culture de l’intensité et de la flexibilité, tandis que d’autres, comme les services ou l’industrie manufacturière, sont plus structurées.

Vous êtes libre de proposer une organisation flexible ou cadrée – mais sachez que vos collaborateurs américains s'attendent à une certaine autonomie sur leur temps de travail.

Quelle est la durée moyenne du travail réel ?

Selon les données du Bureau of Labor Statistics, le temps de travail hebdomadaire moyen pour l'ensemble du secteur privé non agricole était de 33,8 heures en avril 2025. Cependant, cette moyenne varie considérablement selon les catégories :

 

Secteur d'activité

 

 

Durée moyenne hebdomadaire (avril 2025)

 

 

Total privé

 

 

33,8 heures

 

 

Secteurs de production

 

 

40,7 heures

 

 

Prestation de services

 

 

32,6 heures

 

 

Loisirs et hôtellerie

 

 

24,1 heures

 

 

À noter que ces chiffres reflètent des moyennes et que la durée hebdomadaire de travail réelle peut varier en fonction des postes, des entreprises et des régions. Les indépendants et entrepreneurs frôlent, voire dépassent les 50 heures par semaine. Bien que la rédaction écrite d’un contrat de travail ne soit pas requise par la législation américaine, nous vous conseillons vivement de le prévoir dans le cadre de votre politique de gestion des ressources humaines aux USA.

Horaires, congés et jours fériés : ce qui change vraiment

Au-delà du volume d’heures, les modalités concrètes d’organisation du temps de travail annuel aux États-Unis – horaires, congés, jours fériés – varient beaucoup en comparaison avec la France.

Des horaires souvent adaptés aux besoins de l’entreprise

Vous voulez instaurer des horaires flexibles ou du télétravail ? Les salariés états-uniens y sont habitués, surtout dans les secteurs technologiques ou commerciaux.

Dans les faits, la réactivité prime. Si vous visez des profils expérimentés, sachez qu’ils acceptent volontiers de sortir du cadre du 9 h-17 h... mais attendent des contreparties claires : bonus, jours off, avantages.

Les horaires sont donc une négociation tacite entre engagement professionnel et qualité de vie. Ne négligez pas cette dimension dans vos recrutements. En France, on parlerait de “plage de travail” ; aux USA c’est plus “deadlines et objectifs à tenir”. Le modèle reste centré sur les besoins de l’entreprise : on arrange les horaires en fonction du client ou du projet.

Peu de congés payés : un vrai choc culturel

Voici une information qui surprend souvent : aucune loi fédérale n’oblige les employeurs à accorder des congés payés. Vous avez bien lu. Zéro jour obligatoire. Pourtant, la plupart des entreprises accordent entre 10 et 15 jours par an, généralement selon l’ancienneté. Mais il est fréquent que des salariés ne prennent pas tous leurs jours. Pourquoi ? Parce que la culture du "toujours prêt" domine, où s’absenter trop longtemps est parfois mal perçu.

Ancienneté

Congés moyens accordés

Après 12 mois

11 jours

Après 5 ans

15 jours

Après 10 ans

18 jours

20 ans et plus

20 jours

 

Ce sont des moyennes inférieures aux minimums légaux français (25 jours) ! Votre politique de congés sera donc un levier stratégique de recrutement aux USA si vous visez les meilleurs profils.

Jours fériés : une approche différente

Les États-Unis comptent 11 jours fériés fédéraux, mais le droit du travail américain ne vous oblige ni à chômer, ni à rémunérer davantage vos salariés qui travaillent ces jours-là. Certains États ajoutent des jours fériés locaux. Certaines entreprises octroient aussi le lendemain de Thanksgiving ou des ponts culturels (Black Friday, “Juneteenth”…) comme jours libres supplémentaires, mais là encore, ce sont des bonus propres à l’entreprise. Cela dépend de votre secteur, de votre localisation, et... de votre bon vouloir.

Les jours fériés fédéraux principaux (USA) :

  • Jour de l’An (1ᵉʳ janvier)
  • Fête de l’Indépendance (4 juillet)
  • Thanksgiving (dernier jeudi de novembre
  • Noël (25 décembre)
  • Fête du Travail, Memorial Day, Jour des anciens combattants, etc.

En France, ce sont 11 jours fériés fixes et ils sont souvent considérés comme non travaillés (les conventions les gèrent).

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Productivité et culture du travail : ce que cela implique pour votre implantation

Comprendre les subtilités de la réglementation du travail outre-Atlantique, c’est bien. Mais saisir la mentalité sous-jacente, c’est encore mieux. Et aux États-Unis, la productivité et la culture du travail sont à prendre très au sérieux.

Un modèle basé sur la performance et la flexibilité

L’Amérique adore la performance individuelle. On ne juge pas au temps passé, mais aux résultats obtenus. Le succès professionnel est lié à la productivité et à la capacité à "livrer". Cela implique une forte culture du "show me what you’ve done".

Le revers de la médaille ? Cette logique peut générer du stress ou des tensions, surtout si votre management reste très "européen". Il faudra ajuster votre communication et vos objectifs.

Côté productivité, rien de stéréotypé : les États-Unis affichent depuis des années un des niveaux de PIB par habitant les plus élevés au monde. Sur la base des données économiques de l'année 2023, il est supérieur de 50 % à celui de l’Union européenne ! Cela s’explique par de lourds investissements en capital (machines, informatique), une organisation lean et une culture d’entreprise souvent agile (rapides décisions, innovation).

Ce modèle a ses avantages : il est inspirant, motivant et efficace – à condition de bien en comprendre les codes.

Horaires et disponibilité : ce qu’attendent les employeurs américains

Enfin, en termes de disponibilité, la frontière “travail/vie privée” est plus poreuse qu’en Europe. Beaucoup d’employeurs US considèrent comme normal l’envoi d’un email tard le soir ou l’appel à domicile en cas d’urgence. La notion de droit à la déconnexion est quasiment inexistante (bien qu’un projet de loi californien en 2024 ait émis l’idée de limiter cette pression). Le workaholism des années 2000 perd indéniablement du terrain dans le secteur privé. C’est moins vrai dans le public sous la pression de l’Administration Trump qui fait marche arrière sur le télétravail.

Ce n’est ni mal ni bien : c’est simplement culturel. L’idée est que le travail ne s’arrête pas brutalement le vendredi à 18 h. En contrepartie, un bon manager américain sait aussi dire “pas de souci, on gère le dossier demain, profitez de votre soirée”. Si l’implantation exige de respecter un fuseau horaire européen, prévoyez bien ce double rythme (par exemple, France le matin / USA l’après-midi).

Réglementation et droit du travail : ce que vous devez anticiper

Voici la partie que les dirigeants d’entreprise doivent connaître sur le bout des doigts. Le droit du travail américain est un champ de mines si l’on n’y est pas préparé. 

Des contrats plus flexibles, mais moins protecteurs

Le droit du travail américain est beaucoup plus souple qu’en Europe. Les contrats sont le plus souvent “at-will”, c’est-à-dire qu’ils peuvent être résiliés par l’employeur ou l’employé sans motif majeur (en dehors des lois anti-discrimination). Il n’existe pas de CDI “à la française” avec plancher légal sur les indemnités de licenciement ou les motifs de rupture. Cela facilite les ajustements d’effectifs, mais rend la protection des salariés plus faible. Attendez-vous à ce que même un très bon salarié puisse être licencié en quelques semaines de préavis si la situation économique change, ou qu’il puisse partir du jour au lendemain pour une offre concurrente (aussi appelée “talent raid”).

Cela offre une souplesse appréciable pour les entreprises en croissance... mais implique une gestion RH très vigilante sur les procédures internes, la documentation des performances et la conformité.

Des exceptions existent : le Montana, par exemple, impose un cadre plus protecteur (via des lois anti-licenciement abusif). Et le WARN Act astreint un préavis de 60 jours pour les licenciements collectifs dans les entreprises de plus de 100 salariés. Pour bien démarrer, il est conseillé de s’appuyer sur un EOR (Employer of Record) ou un expert local pour gérer les formalités de paie et conformité. Ils connaissent les obligations (bulletins de paie, taxes, assurances) qui varient d’un État à l’autre.

Les heures supplémentaires et leur encadrement

En matière d’horaires, la règle fédérale FLSA est la référence : tout salarié non-exempt (la grande majorité des ouvriers, employés, et managers intermédiaires) doit toucher 1,5× son salaire horaire au-delà de 40 h par semaine. Les employés dits “exempt” (cadres dirigeants, professeurs, professionnels libéraux) sont plutôt payés sur une base forfaitaire et ne bénéficient pas d’heures sup. Depuis 2023, le seuil de rémunération pour être exempt fédéralement est d’environ 684 $ par semaine (35 600 $/an). 

Notez bien que certains États vont plus loin : la Californie, par exemple, paie les heures supplémentaires dès 8 h travaillées dans la journée, pas seulement sur 40 h hebdomadaires. De nombreux États (NY, NJ, etc.) ont leur propre régime de majoration quotidien. En tant qu’employeur, vous devez être clair sur le statut du poste dès l’embauche.

Ce que tout cela signifie pour votre expansion aux États-Unis

Reste à réfléchir à l’organisation concrète de votre future filiale ou bureau américain.

Comment structurer votre future équipe

Les piliers d’une politique RH efficace aux États-Unis sont au nombre de cinq : 

  1. Salaires compétitifs, adaptés au marché local.
  2. Bonus de performance clairement définis.
  3. Avantages sociaux solides (benefits).
  4. Clarté dans les attentes et la communication interne.
  5. Si vous êtes une société européenne, prévoir de donner plus de congés à vos salariés qu’une entreprise américaine (ils seront plus attachés à votre entreprise).

La notion d’avantage est primordiale : assurance santé privée (l’entreprise paie souvent une part des cotisations), plan de retraite 401(k), assurance vie, etc. Un bon package de benefits peut compenser un salaire de base légèrement inférieur. Sans couverture médicale, aucun cadre US ne signera chez vous ! Vous pouvez négocier les parts employeur/employé, mais attendez-vous à être jugé sur l’offre globale (mesure par la “total compensation”).

Congés et flexibilité : montrez-vous clément sur les congés payés (offrez par exemple 15 jours la première année comme start-up, contre 11 en moyenne locale). Les Américains valorisent le « work-life balance » d’une façon pragmatique : télétravail, horaires flexibles, et jours de PTO (paid time off), regroupant vacances et maladie, sont très appréciés.

Des codes subtils existent en culture d’entreprise : par exemple, les évaluations de performance (annual reviews) déterminent souvent l’augmentation de salaire. Intégrez un système de calcul clair et des primes associées. Faites aussi de la formation continue (les Américains dépensent volontiers en training).

En somme, savoir comment bien gérer sa filiale aux États-Unis passe par un package global du style : “X $ de salaire + Y % du bonus sur objectifs + assurance santé + 401(k) + X jours de PTO”. Si possible, complétez par un régime d’intéressement et des avantages en nature adaptés (voiture, stock options,… selon le profil). L’objectif est simple : un candidat américain lit son contrat en voyant combien il gagnera au total, pas juste le taux horaire. 

Nos conseils pour une implantation réussie

Pour réussir votre implantation, voici quelques conseils pratiques :

Étude préalable par État : Le droit social aux USA dépend énormément de l’État. Avant d’embaucher, vérifiez le salaire minimum local (ex. NY/CA ~15,5 $, PA ~7,25 $ actuellement), l’impôt sur les salariés, et les lois sur le licenciement (certains États exigent des indemnités minimales dans ce dernier cas sans cause réelle et sérieuse). Un rappel : si votre activité implique des déplacements inter-États, ajustez le contrat aux règles locales (par exemple, un commercial en Californie aura des droits supérieurs par rapport à un commercial en Floride).

Gestion des contrats et paie : Étant donné la complexité, beaucoup d’entreprises préfèrent externaliser auprès d’un Employer of Record (EOR) ou d’un cabinet spécialisé. Cela vous couvre sur les formalités (déclarations de paie, déclarations d’impôts, assurances obligatoires, conformité aux lois locales, etc.) sans créer immédiatement une filiale. 

Communication culturelle : Formez vos managers français aux subtilités culturelles (par ex., montrer patte blanche plutôt que d'insister pour obtenir du soutien, expliciter les objectifs, savoir faire des feedbacks individuels). Investissez dans un bon onboarding pour expliquer aux nouvelles recrues les attentes de votre entreprise et le fonctionnement du marché local (négociation salariale, “pipelining” de carrière, …).

Packaging attractif : Comme mentionné ci-dessus, USA = marchés des talents compétitifs. Offrez des avantages en phase avec la concurrence locale : budget télétravail, horaires flexibles, assurance santé dès l’embauche, 401(k) avec contribution employeur. 

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Conclusion : un modèle de travail à anticiper avant votre implantation aux USA

Le temps de travail aux États-Unis n’est pas un concept monolithique figé dans la loi, mais un ensemble de pratiques orientées vers la performance. D’un côté, la grande flexibilité (pas de quotas d’heures, contrats “at-will”) permet à vos équipes de s’adapter à l’entreprise et au marché en continu. De l’autre, cette liberté implique moins de protections automatiques : moins de congés, moins de barrières légales contre le licenciement, beaucoup de responsabilisation. Pour vous, dirigeant européen, cela veut dire qu’il faut anticiper et s’adapter. Proposez un package salarial motivant (bons, avantages, assurances), clarifiez les attentes (horaires, objectifs) et choisissez bien votre statut juridique (EOR, filiale, etc.).

En tout cas, même si les conditions de l’emploi aux USA paraissent déconcertantes au début, considérez qu’un salarié américain moyen ne travaille pas beaucoup plus dans les faits que ses homologues européens – il distribue simplement son temps de façon différente. N’hésitez pas à nous contacter pour bien appréhender ces nuances avec confiance et pragmatisme. Avec une bonne préparation et une équipe bien construite, vous transformerez ces différences en avantages : plus de flexibilité pour vous, tout en offrant un cadre de travail clair et motivant pour vos employés américains.

 

Catégories :

Légal, Fiscal et RH

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